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6àème escapade

24 Juillet 2012, 06:07am

Publié par Fontdayres

escapadesCircuit 6 :  La montagne de la Luzette, la Haute Dourbie et les gorges du Trèvezel . 

Départ : Meyrueis – 90 kms environ – durée la journée (visites comprises)

Attention : circuit empruntant des routes étroites et sinueuses, déconseillées aux véhicules de gros gabarit

Sortir de la ville par la D986 (direction Le Vigan)  poursuivre dans cette direction pendant 15 kilomètres (Voir itinéraire 5) jusqu’à l’Abîme de BRAMABIAU. (Rivière souterraine, visite guidée payante, durée 1.30h).  Un monument en l’honneur d’E.A. MARTEL trône sur une vaste esplanade. Depuis les locaux d’accueil, un sentier pédestre conduit à la résurgence. En 1888, Edouard- Alfred MARTEL fit ici sa première grande exploration. Avec ses compagnons, il remonta le cours de la rivière souterraine du Bonheur sur plus d’un kilomètre. Cette expédition est considérée comme l’acte de naissance de la Spéléologie  moderne. Fort bien aménagé, ce parcours sans risques permet un voyage impressionnant et instructif au centre de la Terre,. De nombreuses empreintes de pas de dinosaures jalonnent la partie terminale de la visite.

Franchissant le ruisseau du Bonheur qui court vers sa perte, la route traverse le petit Causse de Camprieu. Au rond-point à droite, une courte escapade (2 km A/R) conduit à Camprieu. Autrefois  simple hameau de la paroisse de St Sauveur des Pourcils, Camprieu est un petit bourg vivant, regroupé autour d’une modeste église construite vers 1870. De nombreux chalets permettent aux habitants de la plaine méditerranéenne de profiter du climat montagnard.  

Remontant la vallée du Trèvezel, l’itinéraire gagne le Col de la Serreyrède (Alt. 1300 m -Maison de l’Aigoual : Office de tourisme, point info du Parc National des Cévennes, expositions, boutique de producteurs). Nous quittons ici le versant atlantique pour entrer dans le bassin méditerranéen.

Suivant la D986 (direction l’Espérou, Valleraugue) on arrive à l’Espérou, groupé autour de ses  deux lieux de culte, l’église St Guilhem (XIX° s.) et un modeste temple protestant de style néo-gothique (début XX°s.). Née autour d’un nœud de drailles, cette petite station de montagne vit du tourisme et de l’exploitation forestière. Chaque année, en juin, la Fête de la Transhumance rassemble des milliers de personnes venues assister à la montée des troupeaux.

Escapade sur le « serre de la Luzette »…

De l’Espérou, il est possible de faire un crochet  jusqu’au panorama du Pic de Barette (15 kms A/R). Au rond-point,  prendre la D548 (direction cascades d’Orgon) puis la D329 (direction Mandagout). Suivant l’antique drailha [chemin de transhumance] la route s’élève en lacets jusqu’au col de la Luzette (alt.1324 m.)  puis traverse une sombre forêt de pins. Soudain, face au pic de Barette, un immense panorama se dévoile (parking à droite de la route). Le pic Saint-Loup (alt. 658 m.) domine la ville de Montpellier. Il se détache sur l’horizon marqué par les rivages de la Méditerranée. Au premier plan, les serres [crêtes] cévenols  s’alignent en un moutonnement régulier.

A environ 200 mètres de la route, à droite, un gros bloc rocheux marque la sépulture d’André Chamson (1900/1983). Ecrivain, historien, grand résistant puis  directeur des Archives Nationales, élu à l’Académie Française en 1956, il fut le chantre infatigable et inspiré de ce pays où plongent ses racines. L’œuvre d’André Chamson, superbement écrite, comporte plusieurs dizaines de romans et de nouvelles ayant très souvent les Cévennes pour toile de fond. Il situa l’intrigue du roman « L’Auberge de l’Abîme », (1933) dans le site de Bramabiau.  Il a voulu reposer sur cette montagne en compagnie de son épouse Lucie Mazauric. Homme engagé, aux fortes convictions, il choisit pour épitaphe le seul mot : Résister, terme gravé dans la prison royale d’Aigues-Mortes par ses «aïeules protestantes » cévenoles, incarcérées sous Louis XIV …

Revenir à l’Espérou et prendre la D48 (direction Le Vigan) puis la D151 (direction Dourbies). La route suit la Dourbie, qui serpente parmi les pâturages d’altitude. Le paysage, résolument montagnard, alterne landes à genêts parsemées de blocs de granit et bois de hêtres. Sur le versant opposé à la route,  le chainon granitique du Lingas culmine à 1445m d’altitude. Plusieurs hameaux  aux robustes maisons jalonnent le chemin.

Certains d’entre eux, comme Les Laupiettes, conservent quelques demeures aux toits de chaume. Ultimes témoins d’un savoir faire ancestral quasiment disparu, ces couvertures sont faites  de bottes de paille de seigle liées sur un treillis de perches de châtaignier reposant sur la charpente. Malheureusement, ces toitures, typiques de l’architecture de cette vallée,  ont souvent disparu au profit de la tôle ondulée…

  Au détour d’un virage apparait  Dourbies  (alt. 900 m.) dominé par une imposante église du XIX° siècle. Surnommée « la cathédrale des Cévennes » ce vaste édifice néo-roman (consacré en 1887)  témoigne de l’enracinement catholique  de cette commune au sein d’un pays  en grande partie protestant.

La rivière Dourbie poursuit sa course vers le Tarn qu’elle rejoindra à Millau. La route serpente en corniche, offrant de magnifiques vues. Plusieurs centaines de mètres en contrebas, le torrent bondit de roche en roche, creusant de nombreuses vasques avant de s’assagir en atteignant le vallon de St Jean du Bruel

Après le Belvédère du Rocher du Cade, l’itinéraire conduit au Col de la Pierre Plantée (alt. 828 m.) qui marque la limite du Gard et de l’Aveyron. La D47 (à droite-direction Trèves) passe, après la ferme de la Bastide (élevage de canards gras) devant d’anciennes caves fromagères abandonnées. Jadis, dans toute la région, on produisait des fromages  au lait de brebis selon les mêmes méthodes que le célèbre Roquefort. Ils étaient muris dans des petites caves locales. En 1925, la définition d’une Appellation d’Origine Contrôlée réservant l’usage exclusif du nom  aux fromages affinés à Roquefort sur Soulzon (Aveyron) porta un coup fatal à ces petites entreprises. Affublées du nom peu flatteur de « caves bâtardes » car exclues de l’appellation, elles périclitèrent les unes après les autres.

Dans la falaise dominant le hameau du Villaret, l’ample porche de la grotte de la Baume Saint Firmin présente un solide mur de défense. Cette vaste cavité, fortifiée dès le Moyen-âge, servait de refuge aux populations environnantes dans les périodes d’insécurité. L’écrivain Jean Carrière (1928/2005 - prix Goncourt 1972 pour « l’épervier de Maheux »), y situa  l’intrigue de son roman « la caverne des pestiférés » paru en 1978.

La route atteint le paisible bourg de Trèves (Voir circuit 2) qui est le plus petit chef-lieu de canton du Gard.

Notre balade se poursuit en remontant la vallée du Trèvezel. La D157 (direction Camprieu) s’engage dans le défilé du Pas de l’Asé (passage de l’âne - attention, route très étroite, croisements difficiles). Sur 2 kilomètres, la rivière s’est frayé un étroit passage entre les impressionnantes falaises calcaires du Causse Noir et de la cam petit causse - de Commeyras. Ensuite la vallée s’élargit au niveau de la ferme d’Aiguebonne.

Après le hameau de la Mouline, la D252 atteint Villemagne, site d’une exploitation minière, jadis florissante. D’importants gisements de galène –minerai de plomb et de zinc - y furent excavés dès l’époque médiévale. La fin du XIX° s. et les premières décennies du XX° virent l’âge d’or de Villemagne. Vers 1920, plus de 600 mineurs, locaux ou d’origine étrangère extrayaient le minerai, acheminé vers la ligne de chemin de fer Nîmes/Roquefort par un téléphérique à bennes, long de 18 kms.  Autour du carreau de la mine et de l’usine de traitement du minerai, s’étageaient les bureaux, une centrale électrique,  des dizaines de logements, un hôtel,  deux écoles, un cinéma, des courts de tennis.  Environ 2000 habitants peuplaient cette véritable petite ville … Frappée par la crise de 1929 et mise en sommeil après 1936, la mine connut un dernier regain d’activité entre 1960 et 1975, année où cessa toute exploitation. De 1962 à 1970, de nombreuses familles de harkis, évacués d’Algérie, furent logés, dans des conditions souvent précaires, dans les vieux baraquements des mineurs.

La D252 s’élève en lacets au dessus de Villemagne pour atteindre la D986 au niveau de l’Arboretum de la Foux avant de rejoindre Meyrueis.

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