une brève de Christian Combemale

Aujourd'hui, on passe à l'heure d'été

 Utilité de l'adoption de l'heure nationale

Pour

LES HORLOGES PUBLIQUES

De toute la France 1890

RECHERCHE : COMBEMALE Christian

 Séance de la société d'agriculture du 13 février 1890

M. Lefranc dépose sur le bureau son rapport sur l'utilité de l'adoption de l'heure nationale pour les horloges publiques de toute la France, M. le Président en donne lecture

Le but que se propose la Société Flammarion et pour lequel elle sollicite l'adhésion des société locales et des conseils municipaux et généraux, est d'une incontestable utilité. Qui n'a pas maugréé, en voyageant, contre les ennuis que lui causait la discordance entre l'heure uniforme des chemins de fer et celle variable des localités où il avait à s'arrêter, discordance qui l'exposait soit à manquer le train au départ, soit au contraire à attendre inutilement pendant un temps considérable à la gare, où l'heure locale l'avait amené à se rendre trop tôt.

Cette discordance est si gênante que, dans les localités où elle atteint un chiffre élevé, par exemple du côté de Nice et de Menton, les horloges publiques des bureaux de poste portent deux aiguilles de minutes, l'une marquant l'heure locale, l'autre l'heure de Paris et des chemins de fer.

Assurément pour une localité comme Mende où l'heure locale ne diffère que de 4 minutes et demie (exactement 4 m 39 secondes) de celle de Paris, les inconvénient sont bien moins grands et l'incertitude sur les rapports entre l'heure des chemins de fer et celle que marque l'horloge publique locale tiennent bien plutôt à l'irrégularité de la marche de cette dernière qu'à l'écart entre l'heure moyenne de la localité et celle de Paris. Néanmoins même pour Mende il y a tout intérêt à régler les indications de l'horloge publique locale sur l'heure moyenne de Paris en la retardant de 4 minutes 39 . Elle se trouvera ainsi exactement de cinq minutes en avance sur l'heure du chemin de fer qui, suivant un usage constant, retarde de cinq minutes sur l'heure de Paris et laisse ainsi aux voyageurs une marge de cinq minutes pour leur éviter l'ennui de manquer le train.

En réglant ainsi l'horloge publique de Mende sur l'heure de Paris on faciliterait le travail de l'horloger chargé de la mettre à l'heure en cas d'écart, on rendra facile à tous le contrôle de l'exactitude de la marche de cette horloge qui devra toujours être de cinq minutes en avance sur celle de la gare du chemin de fer et on évitera aux voyageurs de passage tout ennui à propos de la discordance entre l'heure locale et celle de la gare, puisque cette discordance se réduit à cinq minutes seulement (au lieu de dix qu'elle atteint aujourd'hui) et qu'elle se trouvera au bénéfice des voyageurs retardataires, sans d'ailleurs risquer d'augmenter d'une manière gênante la durée du temps perdu pour les voyageurs diligents.

Le retard de 4 mn 1/2 que l'horloge ainsi réglée comportera sur l'heure locale moyenne ne saurait avoir d'influence appréciable sur les habitudes de la vie, un pareil écart étant absolument insignifiant, bien moindre que ceux que l'adoption de l'heure de Paris occasionnera à Marseille où l'écart est de 12m 19s; à Nice où il atteindra 19m46s et à Brest où il s'élèvera à 27m19s.

Cet écart sera beaucoup plus faible que les différence entre l'heure moyenne et l'heure vraie, qui dépasse 16 minutes au commencement de novembre de chaque année.

L'unification de l'heure dans toute la France sera donc acceptée aussi facilement dans la pratique que l'a été la substitution, au commencement du XIXe siècle de l'heure moyenne à l'heure vrai pour les indications des horloges publiques.

 Il nous semble donc y avoir lieu d'adopter les trois conclusions qui terminent la lettre que les membres du bureau de la Société Flammarion ont adressée le 23 décembre dernier, à M. le Président de la Société d'Agriculture, Industrie, Sciences et Arts de la Lozère, à savoir.

lE / Vœu en faveur de l'adoption de l'heure nationale en France et en Algérie. 2E / Transmission de ce vœu au Conseil Municipal de Mende avec demande adressée à cette assemblée pour qu'elle en émette un de même nature.

3E / Transmission de ce même vœu aux autorités compétentes en particulier à Monsieur le Ministre de l'Instruction publique, en lui demandant de proposer aux Chambres de voter une loi rendant cette réforme générale et obligatoire.

Il serait d'ailleurs utile qu'en soumettant ce vœu au Conseil Municipal de Mende, Monsieur le Président de la Société voulût bien faire connaître à cette assemblée que, le Conseil Municipal de Marseille et le Conseil Général des Bouches-du-Rhône ont adopté un vœu identique bien que la discordance de l'heure locale de Marseille et celle de Paris soit de 12 minutes 8 secondes c'est à dire près de trois fois plus forte qu'à Mende.

Enfm avis devrait être donné au bureau Flammarion à Marseille de la suite donnée à sa demande du 23 décembre 1889.